Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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çaise jette-t-elle sur le caractère de la femme et sur le coup d'œil politique de l’Impératrice un jour nouveau ?

A vrai dire elle nous confirme surtout ce que nous connaissions, mais elle le fait d'une façon éclatante.

Nous savions déjà quel esprit supérieur était Catherine, dont il a pû être dit : quelle femme! quelle souveraine ! ct que la Russie désignait simplement : L'Impératrice ! comme la France du XVIL siècle disait de Louis XIV : Le Roi!

Nous savions que ses facultés capitales étaient la clarté des vues ct la fermeté du caractère. Pour elle les principes n'étaient rien, les circonstances étaient tout. Philosophe par goût, et par intérêt l’'amie des philosophes, elle poussa contre la Révolution ce cri de guerre: Ecrasez l’infûme | qu’à la suite de Voltaire ct de d’Alembert, elle avait poussé contre l'arbitraire, contre le jésuitisme et contre l'esprit de réaction ; et peut-être la conviction y était-elle plus la seconde fois que la première |

Ge revirement se produisit graduellement, par évolution. Mais un jour il éclata brusquement, ct la contradiction entre la première et la seconde partie de son règne n'en est pas moins choquante. Nous savons, il est vrai, que les contradictions ne l'arrêtaient pas. Il s'en suit qu'on pourrait croire qu’ « elle manquait de suile dans ses desseins. » Il n’en est rien. Sa politique, au contraire, était dirigée avec un esprit de suite et une énergie rares, mais les événements n’étaient pour elle que des occasions ; et la Révolution française lui fut «une série d'occasions, » (1)

(1) M. Albert Sorel.