Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
NECKER, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 319
voir quand il lui aura communiqué son travail, c’est pour lui signifier en même temps qu’elle ne le recevra pas auparavant. Elle manœuvre donc pour se débarrasser de cet importun ; et si après lui avoir refusé grade, distinetion et décoration, elle fait quelque vague promesse en faveur de son fils cadet, elle oppose une fin de non-recevoir à ses demandes pour son fils aîné qui peut chercher en France, où il est resté, un emploi à son goût. Cette lettre sous une forme polie, mais par instants, ironique, n’est pas autre chose qu’un congé en bonne et due forme. Le mois de juin ne se passa pas sans que l’Impératrice eut à écrire de nouveau à Sénac de Meilhan, qui, lancé à Saint-Pétersbourg dans une société dissipée, ne se préoceupait guère des documents nécessaires à son histoire. Celui-ci remercial'Impératricede ses Réflexions sur l’histoire de Russie et lui fit part de ses vues sur un discours préliminaire ; il lui posa encore des questions sur la façon dont elle entendait que fut écrite l’histoire de son règne, et il profita de cette occasion pour lui parler de nouveau de son fils ainé. Avecune hâte à laquelle nous sommes accoutumés, Catherine lui répondit par une admirable « pancarte » dont nous détachons le passage suivant : « Il ne m'était pas bien difficile, Mon« sieur, de vous écrire dans quatre jours ce que je « savais presque par cœur, et ce sur quoi j'avais réflé« chi depuis longtemps, mais j’admire votre patience « d’avoir lu six fois Je fatras que je vous ai envoyé, sans « vous effrayer de la pédanterie qui y règne peut-être, et laquelle ne saurait être séparée d'un esprit naturel-
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