Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
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NÉCKÈR, MIRABEAU, SÉNAC DE MEILHAN 347
celui-ci taxe de savant ; or moi je le nomme ignorant, parce que cet homme se tue de vouloir écrire l'histoire d’un pays duquel il ne sait point toute la langue, et que par là il bronche à chaque ligne qu’il écrit. Je me suis tuée de mon côté à le lui dire à lui-même avec toute la politesse possible, mais cela tranche du génie, et cela n’en a pas. Quand il ouvre la bouche, l'on dirait qu'il va dire les plus belles choses du monde, mais cette attenteest en vain : il n’en sort aucune, et à la place il ne sort que des choses fort ordinaires ou bien qui sont à côté du sujet; avec cela, à la longue, il est très ennuyeux et avec des prétentions sans fin ni cesse, mettant des points sur les i, se croyant le premier sujet du siècle. Il a voulu être ici ministre des finances, auxquelles il croit entendre beaucoup, parce qu'il était intendant en France; puis il a demandéla place d'ambassadeur à Constantinople, parce, disait-il, qu’il aimait les sophas et la facon de vivre des Turcs ; à cela j'ai réponilu que je ne pouvais employer qu’un Russe de la religion grecque dans ce pays-là. Messieurs ses fils encore croient que tout est au-dessous d'eux. Ensuite il s’en est allé chez le prince Potemkine à l’armée, où il voulait lui donner des conseils sur la guerre, dont l’autre bâillait beaucoup. » Cette piquante confession de la souveraine sur le ca-
ractère de Meilhan complète bien l'opinion que nous devons en garder. Nous ne possédons qu’une seule des lettres de Sénac de Meilhan à Catherine et celle qu'il écrivit à Zoubof, mais les « pancartes » de la Tsarine nous suffisent pour apprécier la valeur de l’homme ainsi