Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
346 CAÂTHÉRINE II ET LA RÉVOLUTION
lu les Mémoires de la princesse de Gonzague, mais ne connaissait probablement pas les ouvrages économiques de M. de Meilhan ; est-il donc permis de croire qu'elle eut tout d’abord l’idée d’en faire son ministre des finances ? Après ce que nous avons dit, l'hésitation n’est pas possible. Comme elle le dit autre part, elle ne l’avait fait venir que pour écrire l’histoire de Russie, ét cette expression: « pourquoi je l’ai fait venir, » signifie sous sa plume : pourquoi j'ai consenti à son voyage. Tout au plus eut-elle sur lui quelque projet indéterminé, qui aurait pu prendre corps à l'examen de ses capacités, et auquel elle renonça quand elle le jugea au-dessous de toute besogne.
Un an après son départ de Pétersbourg, le 14 août 1792, à 7 heures du matin, elle trouve plaisir à parler de nouveau à Grimm de Sénac de Meilhan : « Jamais on « ne lui a offert de ma part le titre de conseiller d'Etat « intime : il s'est offert comme historiographe. chose « qu'on ne.pouyait pas lui défendre, maisdont j'aitàché « de le dégoûter en lui disant continuellement qu'on « ne saurait écrire l’histoire d'un pays quand on n’en sait point la langue et n'en connait point du tout les « usages. »
A
Le 3 avril 1794 nouvelle « pancarte, » qui nous donne bien l’idée qu’elle s'était faite de Sénac de Meilhan, et nous indique le rôle qu'il avait voulu jouer en Russie : « Meilhan m'aenvoyé ce beau discours préliminaire sur « l’histoire de Russie, dont il a été chercher les maté« riaux dans la bibliothèque du prince Henri (1) et que
(1) Le prince Henri de Prusse.