Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
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ments sûrs et concluants en notre possession, a été particulièrement étayé sur la correspondance de Catherine 11. Ce Mémoire confirme ce que nous avons dit des jugements d'ensemble et des appréciations de détail de la Tsarine. Il y a accord parfait entre cette nofe et ce qu’elle écrivait à Grimm, son confident, ou à Sénac de Meilhan : le fond des idées est le même et les termes sont parfois identiques ; des fragments de phrases se retrouvent dans ce Mémoire que nous avons déjà trouvés dans sa correspondance. À ce compte, ce Mémoire, dont nous n'avons cité que deux courts extraits (1), est un contrôle sérieux ; et il nous est dès lors permis de croire à l’unité des vues de la grande Impératrice sur la Révolution.
C'est dans ce factum que Catherine prétend que 10.000 hommes suffisent pour traverser la France et restaurer à Paris, sur les ruines de la Révolution, la couronre héréditaire des Bourbons. Les naïvetés les plus étranges s’y coudoient avec les idées les plus justes et parfois les plus lumineuses. On conçoit done la surprise que Valmy, survenant peu après, dut causer à l'Impératrice. La défaite de Brunswick, cependant, tout en portant un rude coup aux illusions de Catherine, ne fit pas tomber le voile à travers lequel elle apercevait la France nouvelle et nel’éclaira pas entièrement sur notre compte.
On remarquera notamment dans ce Mémoire avec quelle dextérité la Tsarine parle des moyens de rétablir
(4) Voir plus haut, pages 100 et 101.