Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents
MÉMOIRE SUR LA RÉVOLUTION 363
« Un corps de dix mille hommes seroit suffisant pour traverser dans ce moment la France d’un bout à l’autre.
« Pour l’avoir,un demi-million suffiroit; une aussi modique somme pourroit être trouvée à Gênes. La France avec le temps acquitteroit cette dette.
«Pour rassembler ce corpsil paroit que les pays limitrophes du Rhin appartenant à l’évêché de Spire et à celui de Strasbourg ou quelques autres princes intéressés, seroient les plus propres. Le proverbe dit que pour de l'argent on ne sauroit manquer non plus de Suisses. À ce corps se joindroient immanquablement tous les chevaliers expatriés, peut être aussi les troupes des princes d'Allemagne. Avec ce corps on délivreroit la France des bandits, on rétabliroit la monarchie et le monarque,on chasseroit les imposteurs, on puniroit quelques scélérats, on délivreroit le royaume de l’oppression, on se hâteroit de publier oubli et abolition pour tous ceux qui se soumettroient et retourneroient au maître légitime. — Une place fortifiée pourroit être nécessaire pour le premier moment; la plus petite serviroit de point d'appui. On rendra au clergé de France ce qui n'est pas vendu de leurs biens, aux nobles leurs privilèges constituant noblesse, aux pays d'état ce qu'ils réclameroient. « Il faudroit être ferme sur l’ordre et l’obéissance, et n’employer la force que contre la résistance. Si l'Assemblée nationale déclaroit lèse-nation ce qu’on feroit, on lui riposteroit en déclarant lèse-majesté divine et humaine ses opérations nuisibles au royaume, destructives à la monarchie et contraires aux lois et principes