Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***
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nobleffe devienne le patrimoine de quelques familles. Deftruétives de toute émulation , les furvivances ôtent au mérite fes encourage. mens , au fervice fes récompenfes. Non-feulement elles enlevent les places aux fujets utiles, elles en raviffent jufqu’à la perfpective. La jeunefle affurée des emplois avant de les avoir mérités n’a plus d'intérét à s’en rendre digne ; & que peut-on attendre de fes efforts, lorfqu'’une partie n’a plus rien à defirer,& l'autre rien à efpérer ? On dit à VoTrE MaAsesTÉ , que ce genre de graces n’eft point onéreux à fes finances : mais lorfque le prix le plus glorieux des fervices eft difipé d’avance , il faut le remplacer par des graces pécuniaires. Et combien de fois encore n'at-on pas vu une furvivance devenir le titre de nouveaux bienfaits , que l’avidité réclamoit comme étant devenus néceflaires ? On égare la bonté de Votre Magesté en lui
réfentant les furvivances comme une nouvelle fource de bienfaits. Votre munificence ‘n'en acquiert pas un don de plus à faire x ce font toujours les mêmes faveurs qu’elle diftribue , mais avec cette différence qu'étant ‘anticipées , elles perdent de leur valeur. L'expectative eft toujours moins flatteufe que le don. Une jouiffance éloignée a moins de prix qu'une poffefion actuelle. Ce que Pon acquiert héréditairement excite moins de reconnoiffance que ce que l’on obtient par une fa“veur perfonnelle. Ainfi les furvivances loin d'augmenter le tréfor des graces , le Giminuent : elles font dans la diftribution des récompenfes,