Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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C'est en effet pour choisir à Vitry-sur-Seine une cargaison nouvelle d'arbres fruitiers, destinés à Ettlingen, qu’il prend la diligence à Strasbourg, dans la matinée du 15 mars 1790, après avoir versé quatre-vingt-quinze livres, quatre sols, entre les mains de M. de la Croisette, entrepreneur des mesSageries de cette ville.

Nous ne savons rien de ce séjour à Paris, sinon qu'il dut être fort court; il n’a laissé de trace, ni dans sa correspondance, ni dans ses carnets de dépenses. Il peut à peine avoir duré quelques semaines, Car Butré se trouve à Strasbourg dès le mois de mai, et semble être retourné bientôt au château d’Ettlingen, pour y reprendre ses occupations officielles. C’est à ce moment que se place un épisode curieux de sa vie, dont les lettres, à nous conservées, permettent d’entrevoir au moins les principaux détails, et qui est presque le seul par lequel nous apprenions quelque chose de la famille de notre physiocrate. On se rappelle peut-être qu’au début de ce récit, nous avons dit que M. de Butré renonça de bonne heure à ses droits sur l'héritage paternel, en faveur d’un frère puiné. Cet autre Richard,? marié au pays natal, et qui s’appelait probablement Richard de Latour,’ avait plusieurs enfants, dont une fille, placée dans une maison d'éducation de Poitiers, la communauté de l’Union chrétienne. À la tête de cette maison religieuse se trouvait alors une femme de beaucoup de tact et de cœur, qui s’intéressait vivement à cette enfant. Elle tâcha de former Son Corps et son esprit, en la conservant aussi longtemps que

1 C’est grâce à cette quittance, retrouvée parmi d’autres papiers, que nous savons le fait de ce voyage et la date à laquelle il fut exécuté; il n’en reste pas d’autre preuve, sauf une facture du pépiniériste.

* On n’a pas oublié que le nom patronymique de la famille était Richard.

® En 1798 nous verrons apparaître un neveu de Butré, qui signe Richard de Latour.