Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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vie et de tendre enfin vers le terme de son bonheur, qui est la possession éternelle de la Divinité. Voilà, monsieur, à quoi se sont terminées toutes mes petites études et mes méditations ....

« Votre très-humble et très-obéissante servante,

« SŒUR DE LATAILLÉE,

« Supérieure de la communauté de l’Union chrétienne de Poitiers. ! »

A partir de ce moment, la correspondance continue d’une façon passablement suivie, mais nous ne possédons que les lettres de la religieuse au complet; la plupart des brouillons de Butré sont perdus, bien qu’on puisse en deviner le contenu par les réponses de la sœur supérieure. Il devait évidemment tenter de prêcher là aussi, comme il l'avait fait autrefois à Hyères, chez la comtesse de Beauregard, ses doctrines hermétiques, galimatias confus et ridicule, mais sans rencontrer le même succès. Son interlocutrice préférait l’entretenir de sa pensionnaire favorite, dont M. de Butré n'écoutait sans doute l'éloge qu'avec une certaine indifférence, bien qu’elle y revint sans cesse.

J. M. J. « Poitiers, 3 mai 1790.

«.… La santé de notre aimable enfant est bonne. Sa conduite est toujours des plus satisfaisantes. Ma crainte est que le père ne me la laisse pas longtemps. Déjà il m'a marqué que ses facultés ne lui permettraient pas de continuer de

1 Ja lettre est adressée à M. de Butré, chez M. Hammerer, négociant, rue Dauphine, Strasbourg. On ne peut donc supposer que ce soit à la suite d’une visite de l’économiste à Poitiers que les arrangements en question ont été pris. Ajoutons ici que les prétentions littéraires de la sœur de Lataillée devaient être modestes pour qu’elle pût vanter, autant qu’elle le fait, les mérites de la jeune fille. Parmi sa propre Correspondance, nous avons retrouvé une lettre de M': Richard elle-même, qui ne brille ni par la syntaxe, ni par l'orthographe, et qui a dû faire faire la grimace à son «très cher oncle », quand il la reçut.