Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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d’ailleurs, que le souverain échangeait alors avec le futur membre de la Constituante, témoignent de l’affectueuse estime qu’il professait pour lui;* et plus tard, quand Dupont eut été rappelé à Paris par Turgot, lors de son entrée au ministère (juillet 1774), Charles-Frédéric sollicitait du gouvernement français l’autorisation de faire du nouveau «conseiller de commerce » son chargé d’affaires à Versailles, pour lui donner une marque nouvelle de son attachement.

On pourrait être tenté de croire que nous avons un peu trop longtemps quitté l’homme dont nous essayons de retracer en ce moment l'histoire, mais ce serait une erreur. En effet, l’homme qui succède à Dupont dans l’entourage du margrave, l'ambassadeur de la physiocratie, s’il est permis de s'exprimer ainsi, que nous rencontrons désormais auprès de lui, n’est autre que le baron de Butré. Comment a-t-il quitté Vallières pour Carlsruhe et sur l'appel de qui le voyons-nous entreprendre cette émigration volontaire? Ce qui reste de sa correspondance ne nous le dit pas. Il n’est guère admissible pourtant qu’il soit venu, simple touriste, inspecter les champs d'expériences du margrave et prêcher la doctrine économique aux administrateurs « routiniers » d'Allemagne. Le pied d’intimité sur lequel nous le verrons bientôt à la cour de CharlesFrédéric, permet de supposer que ce dernier a lui-même exprimé le désir de voir un homme compétent se rendre auprès de lui, pour l’aider dans les calculs fort compliqués que nécessitait l'introduction de l'impôt nouveau, et pour endoctriner les fonctionnaires récalcitrants du margraviat qui ne goûtaient guère ces innovations étrangères. Toujours est-il que nous trouvons M. de Butré, parfaitement content de lui et de son rôle, au printemps de 1775, établi dans la résidence du souverain badois. Un brouillon de lettre,’ adressé

1 Deaïs, op. cit., t. Il, Beilagen, p. 6-8. ? Butré semble avoir écrit toutes ses lettres en brouillon, se défiant