Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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tuante et l’une des plus illustres victimes de la Terreur. L’illustre savant venait de publier ses Lettres sur l’origine des sciences et des peuples de l'Asie. Butré éprouva le besoin de lui communiquer ses impressions au sujet de son livre, et de lui offrir « dé lever le rideau qui cache l’antiquité et dont il serait dommage que vous ne connussiez pas la sublimité et lélévation ». Il lui parle avec onction de la Chine et des Brahmanes, des religions de lAmérique et des premiers conciles. « L’objet religieux, aujourd’hui perdu dans tous les corps sacerdotaux, ne me paraît S’être conservé qu’au Thibet, mais je ne puis l’assurer, n’ayant pas assez de connaissance sur ce singulier empire qui mérite aujourd'hui le plus les regards de la philosophie. » La réponse de Baïlly, très aimable, très prudente, laisse pourtant percer un certain effroi à la perspective de cet enseignement inattendu, qui menace de se prolonger. Il est très flatté que Butré ait été content de ses Lettres, maïs il a hâte d’ajouter que ses occunations, déjà assez grandes, ne lui permettent pas du tout de se livrer à ces travaux et ces recherches.

À défaut d’autres travaux, Butré était également appelé à mettre quelque ordre dans ses propres affaires, au pays. En mai 1778, un sien ami, M. Delaporte, qui s’était chargé de surveiller un immeuble dont Butré possédait l’usufruit, l'ayant acquis autrefois d’un nommé Benardeau, greffier de la subdélégation de Tours, vint à mourir. Mae Delaporte voulait se défaire de lPadministration du petit domaine de la Grotte (c'était, à ce qu’il paraît, son nom), les vignerons, non payés, refusaient tout travail, et l’ancien propriétaire adressait à Butré des lettres éplorées pour le prier d’aviser, et de lui rendre plutôt son bien, s’il ne voulait pas en prendre soin davantage. Il lui disait avoir reçu son adresse de Mme Delaporte, mais promettait de n’en point abuser. « Je ne la donnerai

1 Lettre à M. Bailly, du 28 mars 1778. — Lettre à M, de Butré, Paris, 14 avril 1778.