Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

108 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Il paraît que MM. de Lisieux ont pris une forte dose d'esprit patriotique; ils n’ont pas imité les habitants de Séez ni ceux de Bayeux. J'ai vu plusieurs habitants de Lisieux qui sont contents des nouvelles élections, mais qui sont très fâchés du partage qu’ils sont obligés de faire avec Orbec.

Les gabelles, la marque des cuirs, les droits sur la fabrication des amidons, des savons, la marque des fers, seront probablement entièrement abolis pour le premier avril.

On n’a pu s’accorder pour la suppression des aides à la même époque. En voilà la raison : grand nombre de villes n’ont point d'impôts directs, ou les entrées excèdent l'impôt direct. Un système de destruction générale des aides est donc impossible, dans le moment actuel, et il faudra attendre les éclaircissementfs que pourront donner les assemblées des départements.

La ferme vendra son sel, en concurrence avec les autres marchands, et l’on préviendra le renchérissement que pourrait éprouver subitement cette denrée, par la disette, ou par les spéculations de quelques accapareurs.

L'Hôtel de Ville de Paris propose de faire prendre trente-sept maisons religieuses au nom de la Commune, qui deviendrait débitrice envers les créanciers de l’Etat d’une somme égale à celle de l’évaluation.

Les billets serviraient à retirer ceux de la Caisse d’escompte, et à la remettre dans son premier état. Elle a communiqué son projet à plusieurs grandes villes de commerce. Les petites villes peuvent calculer ce qu'une semblable disposition pourrait leur offrir d'avantages.

Les ordres sont expédiés aux nouveaux commissaires pour la convocation des assemblées du département d'Evreux.

Ces commissaires sont : M. le duc de Bouillon, dont le patriotisme et l’attachement à la chose publique sont connus, M. Letellier, maire d'Evreux, en qui ses con-