Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

14 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

I1 a été décrété ce matin qu'il serait sursis à la nomination des bénéfices, excepté aux cures. On réduira les archevêchés et les évêchés au nombre des départements. Le nombre de ces départements sera probablement fixé demain, et je crois qu'on adoptera la division en 80 (1). »

V.— Aux mêmes. Paris, le 12 novembre 1789.

Messieurs, le décret rendu contre la chambre des vacations de votre parlement n'aura pas de suite (2). Hier, M. de Saint-Priest envoya à l’Assemblée un nouvel arrêté, qui est une rétractation de celui du 6, et une

(x) Le 12 novembre, les officiers municipaux de Bernay répondent à Thomas Lindet pour rendre hommage aux travaux de l’Assemblée. Cependant ils regrettent le peu de clarté du décret ordonnant la convocation des électeurs à Évreux. « Nous désirons, disent-ils, que M. de Chambray continue de remplir ses fonctions. Vous nous épargnerez un mouvement fatigant et pénible si vous parvenez à faire agréer ce que nous sollicitons. »

Ils sont pénétrés de reconnaissance envers Th. Lindet, pour son attention continuelle sur les subsistances : « Nous aurions plus de confiance dans le plan que vous proposez que dans les traités que l’on se propose de faire avec l'Amérique. Les laboureurs n y croient pas : ils savent bien d’ailleurs que ceux qui ont fait le commerce des grains ne sont pas moins avides qu'eux, et qu'un agent du gouvernement ou un négociant protégé aime mieux laisser pourrir dans ses magasins des grains avariés que de les vendre à un prix modique. Le blé vaut toujours ici 54 livres le sac pesant 330 ou 340 livres. — Il valait 38 à 4o livres l’année dernière à la même époque, et c'était le commencement de la cherté.

.« Le peuple serait consterné, si le sentiment de ses forces ne le ranimait pas. On murmure, mais on ne s'affige plus : il semblerait que ce peuple est entièrement changé. Le travail de chaque jour suffit à peine à sa subsistance. Il ne s'en alarme pas, parce qu'il a appris qu'il lui reste encore une autre ressource. On prend ce qu’on ne peut plus payer.

«… Le parlement de Rouen a tenu une conduite bien différente de celui de Besançon. Il a enregistré le décret concernant la circulation des grains que le peuple ne désirait pas, mais il paraît avoir différé l'enregistrement des autres décrets que le peuple approuve le plus. »

Suivent des observations sur le projet de réforme judiciaire, de la destination à donner à l’abbaye, du rôle supplémentaire pour 1789, des rectifications à y apporter, etc.

Le brouillon de cette lettre est de la main de Robert Lindet.

(2) Le décret fut rendu à la séance du 10 novembre, malgré les observa tions de M. de Frondeville, Moniteur, II, 178.