Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

360 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

partir! Ceux que les ministres ont déjà fait voyager et qu’ils ont renvoyés. Des corps de troupes marchent et ils n’ont point de route certaine, et on n’est point prévenu de leur passage! Le pouvoir exécutif parviendra-t-il à se faire un camp retranché au milieu de Paris? Il a pris bien de la fermeté : des écrivains deviennent audacieux et menaçants.

Champion et d'Epremesnil ont reçu une partie de leur rétribution, ils méritaient mieux et plus légalement.

Je reçois à l'instant votre dernière lettre.

Bureaux de Pusy, digne acolyte de La Fayette, a donc voulu se justifier devant l'Assemblée, ou peut-être narguer le parti qu’il croit avoir enferré (1). Luckner n’est qu’une marionnette que ces fripons font jouer et parler comme il leur plaît. Je commence à être persuadé qu’il n'entend pas le français.

Les Marseillais ont donné l'exemple de la modération ; mais il est évident que le parti contre-révolutionnaire s’est bien fortifié, qu’il veut tout tenter, que les armées menacent Paris, qu’on n’ose inquiéter un contre-révolutionnaire publiquement affiché.

L'Assemblée nationale a donc rendu un décret pour augmenter le nombre des gardes nationales faisant le service personnel. Les nouveaux enrôlés ne seront pas tous des amis bien purs de la Constitution.

Cette idée philosophique est un violent coup de pied donné à la religion (2) : voilà encore un moyen de diviser les opinions.

Le peuple peut devenir indifférent : on peut parvenir à lui faire aimer la contre-révolution. Lorsqu'une nouvelle

(x) Ce fut dans la séance du 29 juillet que Bureaux de Pusy parut à la barre de l’Assemblée et tenta sa justification. Voir le Moniteur, réimpression, XIII, 224.

(2) Le 30 juillet 1792, Lacuée, au nom du Comité militaire, soumit à l’Assemblée un projet de décret, d’après lequel les citoyens non inscrits sur les registres de la garde nationale n’en seraient pas moins tenus à un tour de service, Cependant, diverses catégories de fonctionnaires étaient admises