Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

30 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

XIV. — Aux mêmes. Le 17 décembre 1789.

Messieurs, il est bien probable que le système de M. De Laborde (1), qui avait eu une grande faveur, celui du premier ministre, — et tous les autres qui supposent des compagnies de finances, feront place à un système que je croyais coulé bas, qui a été ressuscité par le dernier Comité, c’estla création debillets d’achat pour 400 millions, qui retourneront au trésor royal, pour y être détruits, et qui serviront de paiement pour l'équivalent en biens du domaine et du clergé qui seront aliénés. Ce parti est désiré depuis longtemps, et je crois qu’on cherche d’autres expédients pour la forme seulement. Cet article pourrait bien être décidé demain ou après-demain.

On parait assez disposé à laisser la liberté aux religieux de sortir de leurs cloîtres, ou de s’y renfermer. On laissera des maisons, principalement celles des campagnes dans lesquelles ou assemblera les religieux, et il n'y en aurait pas moins de 15. On propose de leur accorder chacun 800 livres, de quelque classe qu'ils soient, et ils seront chargés de l'entretien du culte et de leurs maisons. On propose 700 livres à ceux qui sortiront à quarante ans, 800 livres de 50 à 60, 900 livres de 60 à 70, et 1,000 livres au-dessus de 70 ans : 2,000 livres aux abbés réguliers, Si ce projet est adopté dans sa rigueur, bien des moines devront rabattre de leurs prétentions.

L'affaire de la suppression des offices de judicature a été agitée, mais je ne puis prévoir quand elle reviendra. On a mis en question si les offices des notaires, procureurs,ou huissiers, seront supprimés. L'Assemblée ne s’est pas expliquée. Il n’est pas possible de décider que les personnes propriétaires de ces offices sont obligées de

(1) Laborde-Mereville (François-[ouis-Jean-Joseph de), député du tiers état du bailliage d'Étampes (né à Paris, le 6 juin 1761, mort à Londres, en 1801).