Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (10 JANVIER 1! 790) 41

dinairement à l'Assemblée nationale pour faire valoir de telles prétentions.

L'avis des députés de la province de Normandie et partie du Perche réunie ne leur a pas été favorable; il ne fait pas la loi; et s’il se trouve contraire à la justice et à l'intérêt général, l’Assemblée nationale ne l’adoptera pas, ou l'erreur ne sera pas difficile à réparer dans les législatures suivantes.

Si les habitants d’Orbec se plaignaient de ce qu’on n’a formé que six districts dans le département de Caen, les députés de Bernay répondront qu'on ne peut les regarder comme les auteurs d’une division à laquelle ils n’avaient pas d'intérêt particulier, qui a été et a dû être proposée par messieurs du département de Caen.

Ils ajouteront cependant qu'il est de l'intérêt général du royaume de ne pas multiplier les établissements administratifs; plus il existera d’administrateurs, plus seront considérables les frais d'administration. L'économie exige qu'on n’établisse de corps administratif que pour la nécessité des administrés, et non pour l'intérêt des administrateurs. Multiplier ces places pour satisfaire au désir des habitants désœuvrés des villes ou des campagnes, c’est surcharger injustement la classe laborieuse des citoyens du fardeau qu'on doit lui épargner. Au moment d’une régénération totale du royaume, il n’est pas permis de s’écarter de ce principe incontestable que nulle charge ne doit être imposée, nulle place et nul office créés pour l'intérêt d’un particulier, mais seulement en considération d’une nécessité, ou d’une utilité publique bien reconnue.

Si chaque département, en multipliant les établissements, occasionnait une augmentation de dépenses de 50 à 60 mille livres, certains qui prétendraient aux places ne s’en plaindraiïent pas; mais le simple cultivateur, mais l’artisan, dont l’ambition ne se porterait pas vers ces places lucratives, gémirait d’être forcé de payer du fruit