Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

62 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

haut après avoir eu le poing coupé ; il fallait 4 voix de plus pour procurer à M. le marquis la devise : Sc ifur ad astra. Une addition d’information est ordonnée; trois ou quatre députés doivent être entendus. (Papiers R. Lindet.)

XXIX. — Aux officiers municipaux de Bernay. Le 4 février 1790.

[Il commence sa lettre en indiquant les mesures prises à la séance de la veille pour la réorganisation de la chambre des vacations de Rennes (1). La dénonciation au Châtelet a été ajournée.|

Aujourd'hui, jour mémorable aux bons citoyens, le roi a fait annoncer, par une lettre de sa main, écrite au président, qu’il se proposait de venir à l'Assemblée vers midi, et qu'il désirait y être reçu sans cérémonie. On n’a pas fait fermer la porte, sous prétexte de décorer la salle; une députation a été au-devant du roi; il est monté à la place du président, et le président s’est placé à sa droite, où un deuxième fauteuil était préparé. Sa Majesté était suivie du garde des sceaux, de M. Necker, etc., qui n’ont pas de place marquée comme aux anciens lits de justice. Pour éviter le cérémonial, le roi s’est tenu debout et a lu un discours plein de sensibilité, dans lequel il a peint les maux de la France, les dangers de l'anarchie et a fait une exhortation paternelle à ceux qui ont perdu leurs privilèges d'oublier ces souvenirs; il a dit des choses consolantes pour la noblesse et le clergé ; il a rappelé qu’il a aussi des sacrifices à faire ; il a parlé de son amour pour son peuple et de l'amour du peuple pour lui; il a témoigné une profonde sensibilité sur les attentats formés contre la propriété ou la sûreté personnelle ; il s’est engagé

(1) Séance du 4 février. Moniteur, III. 297.