Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

76 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

singulière. Les circonstances l’entraînent, et actuellement je ne crois pas qu’il puisse varier dans ses principes. Il voit bien, d’après la majorité, ou d’après l’événement; il aime à passer pour faiseur. Cette manie est quelquefois ridicule, mais cela est utile quelquefois. I1 craint que vous ne vous souveniez de l'affaire de ce fermier emprisonné à Bernay et que son zèle ne vous ait déplu. A cette époque, nous ne logions pas dans la même maison; je crois qu’il n'aurait pas été si actif. Dans le fait, il a toujours été attaché à la cause populaire et, dans notre bailliage, si j'ai été seul de mon avis parmi les ex-privilégiés, j'ai toujours préludé à l'opinion unanime des quatre députés des communes.

Je vous prie d'engager messieurs de la municipalité à ne pas lui refuser la preuve de confiance qu’il demande. (Papiers R.. Lindet.)

XXXVI. — Aux officiers municipaux de Bernay. Paris, le 16 février 1790.

Messieurs, le garde des sceaux a fait passer ce matin un mémoire de la part du roi contenant des griefs contre linaction des officiers municipaux de Béziers (1) qui se sont retirés et n’ont pas voulu requérir le pouvoir militaire dans une émeute populaire, dans laquelle cinq commis ont été mutilés et pendus, leurs femmes et leurs enfants maltraités.

Cette affaire peut être présentée sous un jour défavorable. Bien des gens désirent qu’on rende l'énergie au pouvoir exécutif, c’est-à-dire qu’on abroge le décret constitutionnel qui déclare que la force militaire ne peut être employée que sur la réquisition des officiers civils. La

(x) Moniteur, III, 387.