Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

CONSTITUANTE (14 FÉVRIER 1700) 75

XXXV.— A R. Lindet. Le 14 février 1790.

Je sais, mon frère, combien sont actifs certains personnages et combien d’autres sont faux. Cependant je ne désespère pas encore du succès de l'opération dont je vous ai parlé.

Votre lettre au garde des sceaux sur la justice criminelle vient fort à propos et peut faire un bon effet en thèse générale, et dans une vue particulière, pour renvoyer à ses fonctions celui qui en sollicite d’autres.

Je vous prie de partager mes félicitations et mes remerciements avec messieurs de votre municipalité pour vos Adresses. Je leur apprends la suppression des ordres religieux.

Je ne sais quand je vous apprendrai celle des banalités, sur laquelle je compte, et celle des treizièmes, sur laquelle je n’espère pas beaucoup.

M. des Noës (1) s’est montré zélé partisan de la Révolution; il s'était peut-être ménagé quelques ressources auprès d’un ancien agent subalterne du despotisme ; mais, l’édifice étant ruiné de fond en comble, il désire que vous le regardiez comme bon citoyen attaché à la ville, et il vous en donnera des preuves. Il m'a demandé à s’associer à moi, pour l'envoi de la carte du département que je vous ai annoncée; comme j’en ai fait authentiquer une troisième, il était naturel que j'en indiquasse la destination, n’étant chargé que d’en présenter deux. J'ai accepté la société : il a été plus loin, et m'a prié de vous demander que la correspondance fût en commun. Je l’ai promis. Je le demande, et si, par exemple, il existe quelques particularités, soit pour lui, soit pour moi, il sera aise d'adopter deux sortes d'adresses, l’une collective et l’autre

(x) Il s'agit de Buschey des Noës (Adrien-Georges), conseiller au bailliage de Bernay, député du tiers état des baïlliages réunis à Evreux.