Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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table, où comme la sienne dont l'expérience lui à appris à être plus avare désormais, on ne l'amène point à développer ses plans. I se permet seulement quelquefois d’en indiquer l’objet. C'est ainsi que j'ai su qu'il croit avoir les moyens de faire réussir une opération inverse de celle de M. Dundas qui a transporté en Angleterre la dette de l'Inde. L'idée de M. Law serait au contraire de transporter sur l'Inde une partie de la dette de l'Angleterre ; et cela sans injustice, sans autorité et du consentement des créanciers. En soulageant l'Angleterre d’une partie de sa dette, il la soulagerait d'une partie proportionnelle de ses taxes : cette dette et ces taxes pèseraient moins sur un peuple plus nombreux, sur un territoire plus vaste et plus fertile, qu’elles ne pèsent sur la population et la surface de PAngleterre : et si la suite des temps et la force des choses arrachaient à la Grande-Bretagne la belle colonie de l'Inde, elle serait au moins un peu consolée en voyant une partie de sa dette se détacher avec cette possession et suivre sa destinée. Je regrette sincèrement de ne pouvoir ni vous donner les moyens d'exécuter ce projet, ni vous assurer même de sa solidité. Je n’en ai d'autre garant que ma très bonne opinion du jugement de son auteur. Mais je n'ai aueun doute que tout ministre bien intentionné ne puisse disposer de M. Law, le faire revenir en Angleterre, lui faire exposer toutes ses idées, et disposer même de ses services, toutes les fois qu'il l'en requerra franchement et au nom de l'utilité de son pays. Il est Anglais au fond du cœur; et il aime