Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE 107

popularité, retrouvée en 1830, pour faire reconnaître en Louis-Philippe la meilleure des républiques. Après Bouillé, Dumouriez, La Fayette, ilsemble que la dictature militaire pendant la Révolution trouva Pichegru trop faible et plat, Moreau trop réservé et correct, Hoche trop pur et trop vite enlevé, et que seul Bonaparte put forcer la destinée. Mais de Bonaparte et des siens il n’est resté qu'un bruit stérile, des attentats inexpiables, et cet état de guerre effective ou latente dans lequel l’Europe épuise ses ressources, aigrit sa pensée et retarde les destinées de la civilisation. La Fayette, assurément, a mieux réussi en laissant après lui une classe d'hommes en possession de l'héritage de la Révolution, et qui, pendant un siècle, s’est efforcée de maintenir son influence à la fois contre les partis d’ancien régime et contre la démocratie, parce que ceux-là veulent rejeter en bloc toute la Révolution et parce que celle-ci se réclame sans réserves du droit nouveau annoncé en 1789. « Ni réaction ni révolution, » ont dit les hommes de juste milieu pour justifier leur immobilité. Peut-être les temps sont-ils venus où, plus accessibles à l'expérience que La Fayette, ils reconnaîtront que les termes qui ouvrent et garantissent l'avenir sont : action et justice.