Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

NOTICES

SUR LES DOCUMENTS INÉDITS

PREMIÈRE PARTIE

Lettres de prison (1793-1797).

I. — La Fayette et ses compagnons furent faits prisonniers, le 19 août 1792, par un poste autrichien, à Rochefort, sur le territoire de Liège (confluent des deux rivières Lhomme et la Lesse). Depuis ce moment jusqu’au 16 septembre suivant, La Fayette put faire parvenir des lettres à sa famille et à ses amis. Sa situation de prisonnier de guerre n’était pas bien établie. Tantôt lui-même il se déclarait « citoyen français attaché à la Constitution, diamétralement opposé aux émigrés aristocrates, ne

tenant plus au service et réclamant le droit des gens

5 pour traverser le pays » (lettre à M° de Chavaniac, 25 août 1792), tantôt, s'adressant à William Short, ministre des États-Unis à la Haye, il disait (26 août 1792) : « Je suis citoyen américain, officier américain. Je ne suis plus au service de la France ; en me réclamant, vous êtes dans votre droit, et je ne doute pas de votre arrivée immédiate. » En attendant, on dirigeait La Fayette et ceux qui l’accompagnaient, soit vingt-trois officiers et trente soldats d'ordonnance, formant un groupe de cinquante-trois cavaliers, vers Bruxelles, où commandait le prince de Saxe-Teschen. Ils avaient déjà dépassé Namur

et atteint Nivelle, à vingt-cinq kilomètres de Bruxelles,