Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)
28 GORRESPONDANCE DE LA FAYETTE
lation avec la France; il méconnait ce qu'ont fait Kalb, Bordeu-Dubourg, Beaumarchais. Il croit avoir conquis l’amitié de Kalb pour arriver à Deane; or, c’est de Broglie qui lui avait donné Kalb comme mentor. Il pense avoir été assez habile pour tromper tout le monde sur son départ, espions anglais, espions français (1, 11). Mais, déguisé en courrier et trottant devant la diligence de Bordeaux à Bayonne, il se laisse reconnaître et dépister par la fille du maitre de poste de Saint-Jean-de-Luz. Il met toute sa confiance en Deane, mais celui-ci est espionné par l'Américain Bancroft, au service de l'Angleterre, et la première personne à qui La Fayette se livre à cœur ouvert, en décembre 1776, est l’espion Bancroft (E, 13). Là où l’on peut s’en fier à son jugement, c’est quand il exprime ses sentiments : «Je suis au comble de ma joie d'avoir trouvé une si belle occasion de faire quelque chose et de n'instruire, » dit-il à son beau-père (1, 83); et à sa femme : « En venant comme ami offrir mes services à cette république si intéressante, je n'y porte que ma franchise et ma bonne volonté, nulle ambition, nul intérêt particulier; en travaillant pour ma gloire, je travaille pour leur bonheur. » (1, 88.)
À peine arrivé, il est placé dans des conditions défavorables pour se faire une éducation républicaine. A la fin de juillet 1777, le congrès commencait à se dégoûter des volontaires européens, dont l’impertinence et les prétentions croissaient tous les jours avec la difficulté de les employer. Mais le 27 on n’avait jamais vu à Philadelphie un grand seigneur de Versailles quand La Fayette s’y présenta, et on le fit d’emblée major général (31 juillet)‘.
1. G. DE Wir, 2btd., 112.