Correspondance politique et confidentielle inèdite de Louis XVI, avec ses frères, et plusieurs personnes célèbres, pendant les dernières années de son règne, et jusqu'à sa mort

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Ne s’éleva-t-il pas dans son ame quelques combats en faveur de la vertu, dans lesquels le poète voyoit , d’un eôté, la dignité, la sublimité de son caractère ; et de l’autre , la bassesse et l’ignominie de sa situation 2 Ne chercha-t-il aucun moyen d'échapper aux justes reproches dont ses illustres contemporains et la postérité ne manqueroient pas de l’accabler ? Ici, le vain songe nécessite cette porte d'ivoire, quis’ouvre pour lami de la liberté, quoiqu’elle ne permette, au poète d’en sortir qu’en lambeaux.

Virgile n’avoit pas, sans doute, comme Alferi l’en accuse , assez de force d’ame pour renoncer aux jouissances de la cour, à ses voluptés et à ses séductions; il ne pouvoit se résoudre à abandonner ses belles maisons de campagne prés.de Capoue et dans la Sicile, ni songer à se retirer au. milieu des marais qui l’avoient vu naître. Mais il n’est que trop aisé de concilier la jouissance du prix de la bassesse avee le vif regret de celui-qui le procure. Toute idée de vertu et de liberté n’étoit pas entiérement éteinte dans l’ame de Virgile. Et si ce ne-fut: pas ce sentiment moral qui dé-