Čovek i inventivni život

174 Boxnaap [. M. Bypunh

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rattache directement à la physiologie. Mais nous estimons que cette association est dictée par un empiètement mutuel des phénomènes qui font l’objet de ces deux sciences de la vie, et non seulement par celui de la physiologie sur la psychologie. Car ces deux catégories de mécanismes dont le partage s’est fait entre ces deux sciences sont intimement impliqués au fond de la vie.

Terminons ce Chapitre par une courte digression.

La notion d’utile s'impose en biologie. Posons-nous la quest:on suivante : peut-on justifier au même titre dans la nature vivante la notion de beau ? Surtout du beau au service de l’utile.

Cette question est importante au point de vue de notre psychologie. Car il s’agit de savoir si la notion de beau n'est en nous qu'un sentiment, ou si elle correspond aussi à une réalité qui porte par son origine cette notion en elle-même.

Il n’y a pas de doute que dans le monde inorganique cette notion est absente. Nous sommes tous sensibles aux beautés d’un coucher de soleil ou d’un clair de lune. Mais, si nous y réfléchissons, notre jouissance n'est-elle pas un peu troublée à l’idée que nous admirons en réalité dans des phénomènes physiques ce qui leur est absolument étranger ? Ne ressemblons-nous pas devant la splendeur d'un lever de soleil, vu pour la première fois d’un sommet des Alpes, à la personne qui, voyant dans une expérience de physique le spectre de la lumière décomposée par un prisme, est enchantée par le bariolage au lieu de réfléchir au fait de la composition de la lumière blanche ? N'y at-il pas dans notre admiration esthétique de la nature, au fond, cette naïveté de l’homme primitif ?

On aurait bien tort de soumettre nos sentiments à cette analyse et surtout de se laisser guider par elle. Cela ne conviendrait qu'à des philistins scientifiques. Un sentiment est-il réel, il n’y a pas lieu de chercher d’autre réalité hors de lui. Et si nous avons envisagé ce point de vuc c’est uniquement pour montrer que le monde vivant se distingue à un point de vue encore du monde inanimé, sans vouloir étendre cette distinetion aux sentiments qu'ils nous fournissent.

Si l’on en juge par ses réalisations, la notion du beau s’imposet-elle dans le monde vivant au même titre que la notion d'utilité ? Le plumage du paon est-il beau dans le même sens que l'éclat d’un diamant ou. plus simplement et avec plus de ressemblance, que l’irisation d’une couche d'huile étendue à la surface de l’eau ? Dans le chant du rossignol l'élément esthétique est-il absent comme dans le murmure d’un ruisseau ? Autrement dit, la notion de beau existe-t-elle dans les deux cas uniquement dans nos sentiments, sans aucune réalité hors de nous, étrangère à l’objet que nous admirons ?