Čovek i inventivni život
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Boxuxrap Il. M. Bypauñ
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harmonieuse réglant la reproduction des êtres en tenant compte de leurs rapports mutuels, chaque espèce est douée de moyens de reproduction impliquant la destruction mutuelle ; et chaque espèce aurait vite fait de s’étouffer elle-même par son extension immodérée, si elle ne se heurtait à des tendances similaires des autres espèces. Aussi voyons-nous ce comble de l’irrationnel, uu être vivant mettre au monde un nombre énorme de rejetons pour être en réalité, en moyenne et à la longue, remplacé par un seul.
La lutte entre les êtres vivants n’est pas imposée uniquement par leur reproduction immodérée, mais aussi et surtout par la nature de leur nutrition. Même si la « place au soleil» était illimitée, il n'y aurait pas moins nécessité de destruction des uns par les autres. L'animal cherche sa proie lorsque celle-ci ne le gêne pas, il la cherche comme une des conditions de son existence. L'homme élève des animaux dans le but de les sacrifier aux besoins de son existence.
Lorsqu'on rétléchit sur la nature de la nutrition animale, on est frappé non seulement par l'absence de tout principe harmomieux, mais aussi par tout ce qu'il y a de grossièrement irrationnel dans ce phénomène fondamental de la vie. La nutrition animale est fondée surtout sur-la destruction de la vie animale et végétale. Les organismes, la plupart du temps n'ayant pas encore accompli leur cycle vital, avec leurs structures complexes, leurs tissus, leurs organes, sont voués à la mort pour servir de nourriture à des animaux, ou à l’homme, que, du reste, attend probablement le même sort de là part d'autres animaux ou d'organismes inférieurs. Si encore ces structures anatomiques, histologiques et chimiques de la proie représentaient un stade servant à des constructions d’un ordre supérieur, où même si elles pouvaient tout simplement être mises à profit par l’organisme qui s’en alimente, on pourrait voir un certain sens rationnel dans cet ordre de choses. Mais non, toutes ces structures doivent être préalablement détruites pour fournir l'aliment assimilable. Eléments anatomiques, histologiques, protoplasme, noyau, même les édifices moléculaires, tout est réduit par l’action des ferments digestifs à l’état de molécules relativement simples, ayant perdu tout cachet d’origine, tels les acides aminés, la glycérine, les sucres simples. Ce n'est que par ce travail destructif chimique faisant suite À la destruction mécanique par les griffes, becs, dents, que la matière organisée devient apte à remplir le rôle d’aliment. Il ne faut pas avoir en vue seulement les animaux carnivores, Car tout ce que nous venons de dire s'applique également à l’utilisation d’une graine végétale contenant un embryon. La nutrition animale ressemble au système qui consisterait à détruire des édifices pour en employer les matériaux à la construetion d’autres, et surtout à démolir des meubles précieux pour en employer au chauffage les matériaux combustibles.