Entre slaves
LA SERBIE EN 1885 AT
fice. Rien de répréhensible, c'était dans les mœurs de son temps. À ses heures de liberté, le primitif souverain donnait l’ordre à son secrétaire de lui faire la lecture. On voit la bibliothèque qui contient une centaine de volumes : livres historiques allemands et français, dont on lui traduisait des passages en serbe. Il connaissait le prix de l'instruction, mais l'énergie et la science du caractère humain passaient avant. Il engageait cependant rapidement les gens de l’autre côté de la Save qui venaient lui demander une fonction. « Sais-tu lire! disait-il — oui —eh bien, tu vas accompagner un tel, chef dans tel district, qui est moins savant que toi, mais qui est plus expérimenté. »
En dehors de quelques portraits dans lesquels le pinceau inhabile a rendu toutefois l'œil vif et la fière moustache du grand homme serbe, on à réuni dans la chambre où il est mort quelques reliques touchantes par leur simplicité. Dans cette pièce, dont se contenterait à peine un petit fonctionnaire de ce temps, ses pipes, ses pantoufles, ses calottes, ses longues robes en flanelle, usées, traînent encore par terre ou sur les meubles, comme attendant leur propriétaire, une boîte cinéraire, une poignée de cheveux,
et des menus objets, présents des paysans à leur chef, garnissent une modeste vitrine.
En sortant de ce petit musée, notre jeune ami, qui venait de passer plusieurs années à Paris, nous