Entre slaves
LE RÈGNE DU PRINCE ALEXANDRE DE BULGARIE 41
Quand les Occidentaux s'emparent d'un pays, soit sous la forme d’annexion ou sous l'étiquette d'un protectorat quelconque, ce pays est généralement de la part de son nouveau possesseur ou protecteur l’objet d’une certaine tendresse qui se traduit par l’apport de capitaux. Quelquefois, il est vrai, les capitaux privés se tiennent sur la réserve, mais ceux de Etat accapareur se transforment généralement en un budget plus ou moins onéreux pour lui.
En Bulgarie, il n’en était pas ainsi. Il ne convenait pas au gouvernement russe d'ouvrir par l'érection d'institutions bulgares, de nouvelles écluses par où s'échapperaient les ressources, précaires alors, du budget russe. La guerre de 1878 lui avait coûté assez cher, et il n’était plus en état d’accentuer les sacrifices déjà faits. Cette circonstance fut certainement fâcheusce pour les intérêts russes.
Étant donnée sa situation privilégiée en Bulgarie, dans les années qui suivirent 1878, le gouvernement russe, en sacrifiant à propos quelques dizaines de millions de plus, eût pu fortifier considérablement son influence. S'il eût créé le budget bulgare avec ses propres fonds, sous forme d'avances même, celte politique économique eût assuré, mieux que le travail de ses agents, l'union morale de la Bulgarie à Ja Russie : une banque, des chemins de fer, créés par l'argent russe, tels auraient dû ètre les puissants leviers de règne.
Le gouvernement russe se récusant, la tâche
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