Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)

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Il

L'Esprit corporatif

Les ADMINISTRÉS

Il ne suffit pas de connaître la forme d'une institution sociale : il faut encore — et même surtout — savoir de quel esprit elle est pénétrée, quels motifs dirigent ceux qui s'y soumettent, et quels intentions ont ceux qui l'administrent.

En posant ces questions à propos des maïtrises genevoises. on se convainct aisément que «l'esprit corporatif » — «der Zunftgeist» comme disent les Allemands — y règne sans opposition notable.

Nous avons déjà constaté que les maïîtrises genevoises n'étaient pas arrivées à ce point critique où elles se ferment et se transforment en fiefs de familles. Ce phénomène doit être expliqué par un concours de circonstances. Voici celles que nous croyons en être les plus essentielles :

La principale industrie genevoise était une production pour l'exportation vers un marché très vaste et, pendant longtemps, très rémunérateur. La concurrence s’y exerçait davantage par la qualité de la marchandise que par l'organisation de la production — n'oublions pas que toutes les parties de la montre se faisaient alors à la main. sans aide de machines ou à peu près. La main d'œuvre.