Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)
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sont privés par le fait de pouvoir gagner leur pain, et qu'avec le temps ne manqueront pas de charger le Département des secours publics, ressource qui ne se fait qu'avec grande douleur par des hommes vertueux. En conséquence les soussignés invitent leurs concitoyens administrateurs de prendre intérêt à leurs demandes qui ne cessent de faire des vœux sincères pour la prospérité de l'Etat et la conservation de ceux qui le gouvernent. (Suivent les signatures du président des cordonniers. de deux anciens jurés et d'un juré).
En un cas les maîtres ont demandé l'intervention des pouvoirs publics contre leurs ouvriers. Cette affaire mérite, croyons-nous, d'être racontée avec tous les détails qui en subsistent! :
17 MATS 1704 :
« Le citoyen Humbert a rapporté que quelques maitres cordonniers étaient venus lui dénoncer des ouvriers qui cherchaient à exciter du mécontentement chez leurs camarades de profession pour les porter à la demande d'une augmentation dans le prix de leurs journées ; et pour arrêter le progrès de cet esprit de mécontentement dont la contagion pourrait devenir dangereuse. Le citoyen Humbert a été chargé de mander par devant lui ies ouvriers dénoncés pour — après avoir vérifié les faits dont ils sont accusés — leur défendre sous les plus grièves peines de continuer leurs manœuvres. »
19 Mars 1704. matin.
« Le citoyen Humbert a rapporté que, malgré les mesures prises lundi dernier pour arrêter dans leur naissance les mouvements qu'on cherchait à exciter chez les garçons cordonniers. quelques-uns d'entre eux se répandaient chez leurs confrères, et s'efforçaient, sous le prétexte du haut prix des denrées. à monter leurs prétentions à l'égard de leurs maitres qui, si l'on ne les met à
1 Registres du Conseil. B. 303.