Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)
2 — 39 —
Dans d’autres cas lorsqu'elles se trouvent en présence d'importants intérêts contraires, les autorités hésitent longuement sur la décision à prendre, exemple l'affaire du tourneur nancéen Mangeon (ou Mangeot).
Muni de recommandations de plusieurs maîtres, cet ouvrier faiseur d'outils se présente à la « Chambre des Etrangers » le 1° septembre 1795. Celle-ci fait une enquête d'où il ressort que « le dit Mangeon est très utile à nos différents artistes pour lesquels il fait divers outils dé tous genres, aussi nécessaires qu'utiles et curieux. » La permission de rester à Genève lui est donc accordée le 7 septembre 17954. Vers le milieu de septembre on lui refuse une prolongation de sa carte de domicile «comme faisant concurrence à d’autres ouvriers genevois », point de vue qui est également représenté au sein du Département des Arts?. Pendant deux mois cette affaire circule entre le Conseil administratif, le Département des Etrangers et celui des Arts, personne ne voulant prendre une décision ferme. Enfin, le 11 mars, le Conseil administratif intime l'ordre à Mangeon de quitter Genève dans un délai de deux mois*. Alors «plusieurs ouvriers» font une pétition pour demander que Mangeon «soit conservé à domicile dans la ville >». Le Département « ne juge pas Mangeon ayant pétitionné contre l'arrêté du 15 mars — surun
convenable » de s’en occuper“. Mais, finalement
acceptent. (Délibérations des Nobles Seigneurs Commis et de Messieurs les Jurés sur la profession des monteurs de boîtes et étuis de montres. Archives de Genève : Manuscrits historiques, 26 bis).
! Registre de la Chambre des Etrangers. 1°" septembre 1795.
2 D. A. 15 décembre 1705.
3 C. A. 11 mars 17096.
D. A. 15 mars 1796.