Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)
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vres, et au viatique des ouvriers étrangers qui ne trouvent pas d'ouvrage dans la ville.
Eh ! qu'on ne s'imagine pas qu'il en est de cette boîte comme du dépôt de bien d’autres maîtrises dont les fonds n'ont pas une destination réglée. Celles des maîtres cordonniers est grevée annuellement d’une charge de 12 à 15,000 florins appliqués en pensions alimentaires. Il est donc indispensable pour le corps de conserver cette précieuse institution ; il est donc glorieux pour les citoyens qui veulent être agrégés au nombre des maîtres de faire quelques efforts pour contribuer à ce fonds de bienfaisance auxquels eux et leurs descendants peuvent avoir recours dans leur infortune.
Enfin, les changements qu'on doit au bon esprit et aux sentiments de justice des jurés actuels ayant rendu plus facile l'abord de la maîtrise, plusieurs Citoyens se sont fait recevoir ; plusieurs se disposent à $e présenter; presque tous conviennent que les dispositions nouvelles sont très justes, et s'il s'est trouvé quelques réclamants, c'est qu'ils ignoraient les changements opérés ; c’est que le véritable pétitionnaire a su, par l'emploi de sophismes. les amener à signer une pétition dont plusieurs n'avaient même pas fait lecture, et qui se trouve actuellement invalidée par la demande que font quelques-uns d’entr'eux de la radiation de leurs noms.
29 Le second abus côté regarde les étrangers qui travaillent avec le titre de maîtres, parce qu'ils le sont effectivement. Mais ce fait ne met en évidence que les abus du régime de 1782, qui donnait au Conseil le droit de tirer des maîtres du sein des domiciliés. Ces abus ne peuvent pas être reprochés à la maîtrise en question. La critique ne porte donc pas à plomb sur la corporation des cordonniers puisqu'elle s'est trouvée victime de cet ordre de choses et que ses règlements n'en font pas mention.
Du reste il n'y a que cing maîtres étrangers et ces cinq maîtres seraient dans la classe des citoyens s'ils avaient en possession le numéraire que les anciens domiciliés doivent compter au département des finances pour retirer leurs lettres de citoyen. Cet incident ouvre aux pétitionnaires une nouvelle carrière contre l'article de nos lois qui spécifie une somme déterminée pour la réception des étrangers à la qualité de citoyens.