Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)

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conscrits. Est-il un peuple qui tienne davantage à son indépendance ? Ne nous démontre-t-il pas, d'une manière évidente, que l'organisation des maïtrises peut devenir le soutien de l'organisation politique quand le gouvernement sait leur donner le ton de considération qu'elles méritent ?

Le canton qui nous avoisine, et qui est le premier en étendue, ne présente pas d'exemple de ces associations réservées en quelque sorte aux Etats démocratiques. Mais c'est précisément dans ce dernier, où l'homme isolé des premiers mobiles de l'administration, et où par conséquent il est moins frappé de l'intérêt immédiat de conserver et de défendre la constitution de son pays, présenterait des comparaisons qui tourneraient à l’avantage des corporations dans un petit Etat et avec un gouvernement comme le nôtre.

Mais laissons toutes les vues générales, qui pourraient devenir le sujet d'un mémoire plus étendu pour faire observer qu'il est vraiment malheureux que l'état de tourmente dont nous ne sommes pas encore sorti n'ait pas agi assez profondément sur certains esprits vacillants, féconds en contradictions, et qui — toujours à la recherche des nouveautés politiques qui peuvent nous replonger dans l'amertume et le désespoir — ne paraissent frappés que de cette exclamation infernale: Périssent les colonies plutôt que de manquer à un principe ! N’a-til donc pas encore été assez dévastateur ce cruel sophisme pour que nous trouvions dans le cœur de quelques Genevois l'écho qui l’applique à leur Patrie !

I est des projets que l'on conçoit par présomption. Nous croyons que la précipitation avec laquelle on a conçu celui-ci a empêché les signataires de calculer la puissance sur (sic) les résistances qui seraient infaillibles lorsqu'il faudraitsoumettre un si grand nombre de pères de famille — qui regardent les droits de leur maitrise comme une propriété sacrée, comme le vrai palladium de leur existence — à un nouveau régime qu'ils ne

ourraient considérer que comme le destructeur de leur ien-être.

La commission, justement frappée de toutes ces considérations, estime que le Département sur les arts, créé par la Constitution pour être le protecteur des arts, le défenseur des règlements établis sur les diverses mai-