Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
© 26 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.
:5 et 6 octobre. Les amis de la cour prétendirent avoir reconnu dans la foule des poissardes dégui-
sées en femmes, le duc d’Aïguillon et des familiers du duc d'Orléans, comme Choderlos de Laclos,
l’auteur des Zraisons dangereuses. On a voulu
voir dans Théroigne l’organisatrice de la manifes-
tation populaire dont les conséquences furent si
graves pour la royauté. La poésie a dramatisé ces scènes, et, en 1832, dans ses Douze journées de la Révolution, Barthélemy, l’auteur de la Mémé-
sis, nous montre Théroigne à l’œuvre :
...... Les larges avenues Se noircissent au loin de femmes demi-nues, Aux obscènes haïllons, aux visages meurtris… Sur ces groupes sans nom qui piétinent l'arène, L'ardente Méricourt domine en souveraine. Debout sur un canon comme sur son pavois, Elle exalfe les rangs du geste et de la voix. On distingue au milieu de ses sœurs de bataille La blancheur de son teint et le fût de sa taille; A sa mâle vigueur la grâce n’a pas nui. Désormais du boudoir fuyant le mol ennui, Une lance à la main, la tête échevelée, Elle marche aux périls comme Penthésilée. Nul homme assez hardi, piéton ou cavalier, Ne lutterait contre elle en combat singulier. Le sabre et le fusil pendent à ses épaules; On croirait voir passer la prêtresse des Gaules; C'est la Pythie en feu qui sur ce noir essaim Souffle le dieu caché qui suffoque son sein,