Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
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montrer à la fois dans toutes les réunions populaires, et de rentrer pour passer la soirée avec les hommes politiques qui l’attendaient chez elle. On soupait à l'hôtel de Grenoble, en société nombreuse mais choisie. En effet, les contemporains les plus dignes de foi sont d'accord pour faire de cette femme galante un portrait singulièrement flatteur. Les auteurs de l'Histoire de la Révolution par Deux Amis de la liberté disent d'elle : « En 1789, elle recherchait la société des députés les plus distingués et celle des journalistes qu’elle croyait avoir le plus d'influence, discutant avec eux sur les affaires publiques, sur la littérature française même, avec assez de sagacité. J’ai vu des hommes sages, qui jouissent aujourd’hui (1797) d’une haute considération, devenir amoureux de cette petite personne, et celle-ci rejeter leurs vœux avec une fierté lacédémonienne dont ils ont beaucoup ri depuis, quand ils ont su que cette beauté si scrupuleuse n’était autre qu'une fille entretenue. »
En réalité, la vie de Théroigne était très occupée, presque sévère. Les Deux Amis la quali-
1. T. VII, p. 77 et 78, note. Les Deux Amis étaient Kerverseau et le libraire Clavelin, avec la collaboration de Lombard (de Langres) et de Beaulieu.