Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
THÉROIGNE DE MÉRICOURT. 35
fient de prude, disant qu’elle poussait la réserve de son sexe à l'excès. « Les plaisanteries les plus innocentes la faisaient rougir ; la moindre agacerie la fâchait, et cependant elle ne fréquentait jamais que des hommes. » Beaulieu est certainement l’auteur de cette note des Deux Amis. Il la reproduit presque textuellement dans ses Essais historiques ?, en ajoutant : « La voluptueuse Cypris est tout à coup métamorphosée en une grave et sévère Minerve. Cette adroite grimace en impose pourtant à tout le monde, pique l’amourpropre, agace même le cœur de ceux qui l’ont trouvée jolie, et peu s’en faut que tous ces politicoman ne deviennent des amants passionnés. » Dulaure cite d’elle un mot caractéristique, dit avec son accent flamand : « Je n’aime pas les femmes francesses. » En effet, depuis qu'elle s'était éprise de la politique et des lettres comme autrefois de la musique, elle ne voyait que des hommes, et les plus sérieux, les plus graves. Mirabeau lui parut toujours trop dissolu : elle ne l’'aima jamais. « Lorsqu'on lui demandait grâce pour Mirabeau, dit Beaulieu ?, en considération
1. Essais historiques, t. II, p. 50. 2. Essais historiques, t. II, p. 52.