Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

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de son empressement pour les femmes, elle témoignait son dégoût par les signes les moins équivoques. » Ses amis particuliers, les habitués de ses dîners, étaient surtout des personnages fort rassis : Sieyès et son frère, Pétion, qu'on lui donna pour amant, Brissot, quelques jeunes gens spirituels, comme Camille Desmoulins, MarieJoseph Chénier, Anacharsis Clootz, Bose d’Antic, Gorsas, Basire, Fabre d'Églantine, parfois Barnave et Saint-Just, l’imprimeur Momoro, et en première ligne Romme, le martyr de prairial, alors à Paris avec le jeune comte russe Strogonoff, dont il était précepteur. Théroigne s’attacha particulièrement à Romme; elle s’éprit de lui avec son esprit, non avec ses sens. « Théroigne était jolie, disent les Deux Amis ; Romme, une espèce de quaker affectant la plus austère modestie, d’une figure à faire peur ; c'était un métaphysicien obscur, un alchimiste politique dont il était impossible de suivre les bizarres dissertations. Rien n'était plus comique que d'entendre la petite Théroïgne vouloir renchérir encore sur la mysticité de son maître et, avec des figures si disparates, de les voir l’un et l’autre rire de leur audace et de leurs découvertes. » L’intimité de Romme et du jeune Strogonoff avec l « amazone