Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

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était toujours sollicité de faire des avances. Pourtant, les réceptions de la rue de Tournon étaient brillantes, fréquentées par la société la plus choisie. L'auteur des Souvenirs de la Terreur, le vaudevilliste Georges Duval, nous a laissé sur Théroigne une page singulière. « C'était, dit-il, la duchesse de Montpensier du ruisseau. Ainsi que la méchante et vindicative sœur des Guise, dont l'hôtel était précisément situé dans cette rue de Tournon, Théroigne n'avait rien à refuser à quiconque lui promettait de ressaisir le poignard de Jacques Clément. » On sait ce qu’il faut penser de ces Souvenirs écrits après coup, en pleine réaction. Georges Duval ne dit-il pas que la belle Liégeoise, qui avait trouvé Mirabeau trop corrompu, était liée à ce moment-là avec le fameux marquis de Sade? Il prétend tenir le fait de Sade lui-même, qu’il aurait vu en 1812 à la table de l'abbé Decoulmiers, directeur de Charenton. Or, à la fin de la Législative, le marquis de Sade se cachait pour éviter des poursuites judiciaires, et ne sortait pas de sa retraite, ainsi que l’établissent les pièces du procès de Jean-Joseph Girouard,

1. Lettres du 15 janvier 1792, de la collection d'autographes de M. Fossé d'Arcosse.