Étude sur les idées politiques de Mirabeau

124 F. DECRUE. — LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU.

« C'était, dit M. Victor Hugo, une tête vigoureuse et forte; 91 la couronna, 93 l’eût coupée. »

Car la Révolution même rendait sa tâche encore plus dificile. Elle ne pouvait aboutir sans effusion de sang. Elle déchirait trop de liens et déracinait trop de préjugés pour que le pays n'en fût pas bouleversé de fond en comble. Les prêtres et les nobles, les citoyens religieux et conservateurs pouvaient-ils tolérer une constitution qui les frappait dans leurs droits et les blessait dans leurs convictions ? De son côté le peuple, grisé par ses premiers succès, ne devait-il pas se laisser entraîner aux vengeances et aux meurtres? La guerre civile, Mirabeau l’attendait. Mais, quand elle éclata, un des deux partis qui divisaient la France était seul armé, et ses armes étaient le couteau et la hache. Alors un despotisme militaire devenait seul capable de réprimer l'anarchie. Mirabeau l'avait prévu. Il comptait aussi sur le retour de l’ordre et de la liberté, car il ne désespérait jamais de l’avenir de la France ; mais il ne pouvait prévoir que, entre l’ancien ordre de choses et le nouveau, un fossé profond se ereuserait, que rempliraient de sang les massacres de la Terreur et les guerres de Napoléon I*.

Imprimerie Daurerey-GouverNeur, à Nogent-le-Rotrou.