Études historiques et figures alsaciennes

AVANT ET APRÈS IÉNA 23

quelques généraux sortis de l’école de Frédéric Il, mais de valeur inégale. Celui qui avait la confiance de l’armée, et que l’opinion publique désignait pour la prochaine guerre, c'était Kalkreuth, qui avait reçu une éducation française, esprit ouvert, brave et habile. Le roi lui préféra, soit par préjugé dynastique, soit par goût personnel, le duc de Brunswick, qui avait si mal réussi dans la campagne de France de 1792, maintenant fatigué, mais tenant beaucoup à son rang d'ancienneté, et qui n'aurait pas volontiers combattu en sous-ordre. Brunswick fut donc investi du commandement en chef; Kalkreuth fut mis à la'tête d’un corps de réserve, et il fit loyalement son devoir. Son tort fut peut-être d'exprimer par moments avec trop de liberté son opinion sur ses collègues, et de nuire ainsi à l’autorité du haut commandement chez les officiers d’un grade inférieur.

Le 4 octobre, dix jours avant la bataille, Gentz eut une longue conversation avec Kalkreuth, et il en consigna immédiatement les

détails dans son journal.