Fantaisie savoisienne : le général de Boigne
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Voilà cinquante ans que l’on croit Que de Boigne a fait sa fortune Par un chemin qui n’est pas droit, Et qu’on peut en vendant son roi Aisément doter sa commune.
Voilà cinquante ans que l’on dit Que c’est la perfide Angieterre Qui le gave, qui le nourrit,
Et que cela c’est le profit
Des trahisons qu’il a su faire.
On parle bien de ses bienfaits, |
On sait même quel noble usage
Il faisait de ces gros billets
Qui, chaque jour, de ses goussets Tombaient partout sur son passage.
Ces bienfaits étaient reniés, On dit qu’Annecy les refuse; Les gars les mieux gratifiés D’égards se pensent déliés, Tippo-Saïb leur sert d’excuse.
Or, c'était en nonante-neuf|
Que Tippo subit sa défaite :
— Je vais vous apprendre du neufAu fond du vieux faubourg de Bœuf, Boigne en nonante-sept s'arrête.
Et,dit aux édiles d’alors:
« Mes camarades, je suis riche,
« Puisez, puisez dans mes trésors, « Faites des places ou des ports. « Allez-y, je ne suis pas chiche. »