Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813
FERDINAND IV ET LE DUG D’ORLÉANS 1
voulait avant tout parvenir à disposer au plus vite des troupes affectées jusque-là à la garde de la Sicile, et se mettre à même de les employer, selon les besoins, soit en Italie, soit en Espagne.
Muni d'instructions, les unes secrètes, les autres destinées à être communiquées au gouvernement sicilien, lord William Bentinck était arrivé à Palerme avec un programme bien arrêté, mais avec un programme qu'il lui était impossible de réaliser, d'appliquer sans entrer, presque dès le lendemain de son débarquement, en lutte ouverte avec la cour de Sicile. En réalité, dès le premier jour son plan était fait. Tous ses eflorts allaient tendre à éloigner, d’abord des affaires, puis du pays, la Reine Marie-Caroline, dont lui et le cabinet de Saint-James se défiaient plus que jamais, depuis que le mariage de MarieLouise avait fait entrer Napoléon dans la famille impériale d'Autriche.
Lord William, avec son esprit net et positif, n'avait eu qu'à jeter un coup d'œil sur les événements antérieurs à sa venue pour se rendre un compte exact de la situation politique de la Sicile et du caractère des personnages qu'il allait trouver devant lui. IL savait parfaitement que ce n’était pas avec le * Roi Ferdinand IV qu'il aurait en réalité maille à parür, que ce prince, quoique intelligent et bien doué, naturellement bienveillant, mais faible et surtout léger et insouciant, ne s’occupait qu’à contre-cœur, à son corps défendant, des affaires de son royaume. Mal préparé au rôle si difficile que les événements lui réservaient, convaincu de la réelle supériorité de la Reine‘, se plaisant, lorsqu'il était à Naples dans la société des Lazzaroni parmi lesquels il ne cessa d'être populaire, n'ayant de goût que pour les exercices physiques, grand pêcheur et grand chasseur, Ferdinand IV avait une profonde horreur des pompes de la cour, de l'étiquette et surtout du travail, C'était à proprement parler un véritable gentilhomme campagnard, manquant absolument d'instruction, ignorant, comme en font foi d'innombrables anecdotes ?, jusqu'aux faits les plus saillants et les plus importants de l’histoire moderne.
1. Dès les premières années de son règne, il avait pris l’habitude de s’effacer en quelque sorte devant la Reine, de la consulter en toute chose et de répéter à tout propos : « Ma femme sait tout. »-
2. Cf. Eustace. A Tour through ltaly, ete. Londres 1813, II, 33 el passim,