Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 35

Pourquoi son flair ne fut-il pas à la hauteur de son honnûteté ? Nous n’aurions pas à lui reprocher cette autre motion inouie de la part d’un officier :

Si vous voulez réunir tousles esprits à vos principes, envoyez les soldats et leurs chefs dans les sociétés (lisez les clubs) : je ne dis pas dans celles-là seulement qui portent le titre d’amis de la constitution, mais dans toutes les sociétés possibles. Soyez bien certains qu'ilsiront partout où on professera le patriotisme, le respect pour les lois, la subordination.

Il est difficile de pousser plus loin l’aberration, L'enfer n’est pas seul à être pavé d’intentions pures!

C’est vers ce même temps que l'Assemblée récompensa Noailles de son acquiescement à la démocratie, en l'appelant à la présidence de ses débats (1). Le gentilhomme y donna la mesure de son tempérament politique. Une députation du département de Paris étant venue à la barre protester de son dévouement à l’ordrer Apprenez au peuple, lui répondit Noailles, que chaque mouvement tumultueux auquel il se livre imprime une tache à la Révolution qui est son ouvrage, retarde l’achèvement de la constitution qu’il chérit, et fournit à ses en-

nemis le prétexte d’une calomnie nouvelle contre ses plus zélés défenseurs (2).

Le même jour, on discute des mesures de rigueur contre des fonctionnaires émigrés :

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(1) Du 27 février au 13 mars 1791. (Les présidents étaient obligatoirement remplacés tous les quinze jours.) (2) Séance du 1% mars 1790.