Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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de cet époque, même chez les officiersles plus stricts, il y a un fond de garde nationale et par conséquent de « jobard ».

Le 16 octobre 1790, les soldats du régiment « de Châteauvieux », repentants de s'être mutinés, sont venus apporter à leurs officiers « l'argent qui leur avait été distribué au moment de leur insubordination ». Au nom du Comité militaire, Noailles les félicite de leur patriotisme (1). Aujourd’hui l’on commencerait par les fusiller ; l'on verrait. après. 11 est vrai que nous avons le civisme moins chatouilleux.

En même temps que ces laisser-aller qui sont dans l'air comme des épidémies, Noailles a des vaillances qui prouvent que son âme n’est point basse.

Latour du Pin, ex-ministre de la guerre’ est accusé d'avoir soustrait, à Hesdin, des soldats coupables à la juridiction civile, en un mot d’avoir fait acte de discipline militaire. — Noailles n’aime pas Latour du Pin; il le croit inféodé au parti de la cour. Il est de ceux qui, le 12 novembre 1790, ont déclaré à l’Europe que « cet agent du pouvoir exécutif aussi bien que ses collègues n’avaient plus la confiance de la nation ». Le 13 décembre, il proteste « que le ministre déchu n’a rien fait dans l’affaired’'Hesdin sans avoir consulté le Comité militaire et sans son aveu (2) ». Noaïlles est honnête, et un honnête homme, dût sa popularité souffrir, ne commet jamais une làcheté.

(1) Séance du 16 octobre 1790. (2) Séance du 29 avril 4791.