Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 37

Et l’Assemblée, ainsi édifiée sur une santé qui lui était précieuse, recommença le cours de ses travaux.

Ceci dit en passant pour prouver à ceux qui se scandalisent d'entendre appeler un chat un chat, que le réalisme et les mots crus ne sont pas une invention d'aujourd'hui.

L’Assemblée constituante touche au terme de ses travaux. Les affres de son agonie sont terribles. Elle a voulu transformer un roi héréditaire en valet du peuple souverain ; la logique l’a fait aboutir à une république. — La république est dans l'air ; elle pointe à l'horizon; Louis XVI est garrotté, muselé comme l’on ferait d'une bête féroce. — Le 22 juin 1791, il a essayé de fuir sa cage :

L'Assemblée a mis le roi hors de la constitution. le roi

ne pense pas qu'il soit possible de conserver un pareil gouvernement (1).

Et le roi a mille fois raison. Jusqu'ici, les faiblesses de Noailles, ses participations à certaines billevesées n'ontété que l’outrance d’un système qui, mieux endigué, aurait pu être excellent. A partir de la fuite de Varennes, il y a dans son attitude quelque chose de taquin et de rageur qui étonne. Boude-t-il contre la fragilité de son œuvre? Le dépit n’a pas prise sur les âmes nobles. — Prête-t-il au roi l'intention de tendre la main à l'étranger et de revenir, appuyé sur lui et

(1) Proclamation du roi à tous les Français à sa sortie de Paris (22 juin 1791).

9 2