Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 51

Mais voici Bonaparte, et avec lui Marengo (14 juin 1800). Des parfums de gloire montent jusqu’à Noailles ; il ne tarde pas à s’en griser. S'il n’a pas pu vivre gloricusement, il va pouvoir enfin mourir avec éclat !

IV

Sa vie dès lors devient celle d’un héros. Il a 44 ans, l’âge où l’on sent que l’existence vous a donné le summuim de ce qu’elle vous donnera, où l’on n’a plus que peu d'années pour en faire profiter les autres et pour en profiter soi. Il a débuté en soldat qui n’a peur de rien, et qui tue; il finira de même, il se fera tuer en Français et en gentilhomme.

Au cours de l’année 1801. Noailles est forcé de contenir sa fougue. Un procès où l'honneur de son nom est engagé l’oblige à l’inaction ; le sang lui bout aux veines ; on se cogne et il n’en est pas ; on rosse les Autrichiens, on rosse les Anglais, on rosse tout le monde, et il fait de la procédure. Il écrit en France; il supplie qu’on l’emploie. Les requêtes vont, viennent d’un continent à l’autre, avec les inévitables re tards inhérents, même sous Bonaparte, aux administrations d'État. Pendant ce temps, Noailles gagne son procès : il le gagne lui-même, plaidant sa cause en an glais, « sans le secours d’aucun homme de loi (4), » et le voici en route pour Saint-Domingue, où il va recueillir les bénéfices retrouvés.

(1) Nouilles à M. Grelé, 22 février 1802. (Communi