Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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des générations aristocratiques, lesquelles jusque-là n’ont.eu d'autre patrie que le roi, hante au loin ce cerveau essentiellement empreint de démocratisme. Il écrit à son fils Alfred :.

Je n’ai en considération que votre avantage et de vous mettre à portée d'être utile à votre pays (1).

Le lendemain, ayant appris qu'il est rentré dans ses biens :

Quelle satisfaction, s’écrie-t-il, n’aurai-je pas à trouver que vous pouvez être utile à un pays qui m'a rendu si généreusement tous mes droits (2)!

Et pendant qu'il trace ces plans d’avenir, Noailles demeure sur la terre américaine. Il pourrait rentrer en France; dès 179%, sa belle-sœur, M°° de Montagu, a obtenu sa radiation de la liste des émigrés. Qu'iraitil y faire ?

La politique n'y offre que des champs malpropres à la renommée. Si sa patrie se renie, il ne peut pas, il ne doit pas se renier lui-même. Celle-ci fait, il est vrai, la guerre. La guerre! sa passion! son métier! C’est le Directoire qui la conduit ; et le Directoire, qu'est-ce encore, si ce n’est la politique et les politiciens ? Noailles demeure au loin comme ces épaves échouées sur les plages que seule une tempête peut ramener à leur point initial.

() Noailles à son fils Alfred (Philadelphie, 48 décembre 1799}. (Communiquée.) (2) Noailles à son fils Alfred (Philadelphie, 24 mars 1800).