Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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ce départ triomphal qui peut être comparé au départ de Bismarck disgracié dans les rues de Berlin; et pendant de [ongs mois il demeure à Chanteloup le familier, lami du ministre cher aux philosophes, cher à Voltaire, cher à toute la France. Il se refuse à paraître chez « la fille Dubarry », et se tient volontairement éloignéde lacour. Louis XV, qui n'aime pas les leçons, lui tait Ç un visage sévère et mécontent » (1).

C'est alors que, détourné de la politique par sa propre opposition et des choses militaires par l’inaction des armes françaises (2), il donne libre cours, sous une autre forme, à son amour de la chose publique et à ce besoin des nobles de cette époque d'y être mêlé. Son grand-père maternel (3) s'était fait écrivain; lui se fait philanthrope. Il s’installe à son château de Liancourt, en Beauvaisis ; le site est charmant; les jardins sontincomparables. Deux rivières viennentformer dans un parc immense les miroirs, les cascades et les jets d’eau les mieux distribués! Tout cela a été imaginé 120 ans auparavant « dans le seul but d'inspirer la retraite et la dévotion (4) » à un vieux ménage janséniste retiré de la cour (5). Leur jeune descendant s'applique à faire de son château et de sa terre un centre d'œuvres civilisatrices et d'expériences agri-

. coles.

(1) Vie du duc de Liancourt, par Frédéric-Gaétan, son fils er était colonel du régiment des dragons de la Rochefoucauld. (3) L'auteur des Mawimes.

(4) Vie du duc de Liancourt (p. 14). (5) Le duc et la duchesse du Plessis-Liancourt, en 1640,