Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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financière et par l'exemple des États-Unis pendant la guerre de l'Indépendance. Aussi dans une lettre à Washingion du 4 janvier 1796 décrit-il avec sûreté les diverses phases par lesquelles doit passer leur dépréciation progressive !. À cette mème époque l'abbé Morellet faisait la même constatation. Dès le 6 février 1791 il avait signalé le phénomène à lord Shelburne : « Les billets de notre caisse d’escompte se multiplient et perdent en se multipliant. La conversion d’un billet de mille francs coûte aujourd'hui de 3 à 4 pour 100, et on a beaucoup de peine à trouver de l'argent comptant à ce prix?. » Le 13 février 1796, reprenant sa correspondance, interrompue au cours de l’année 1792, il lui dépeint l’extrême agonie des assignats: « Nos assignats sont aujourd'hui précisément au point où en étaient en Amérique et à Philadelphie les papiers du Congrès lorsque les marchands de Billingsgate, à Philadelphie, les attachèrent à la queue de leurs chiens après les avoir reçus pour la dernière fois. Ils étoient hier comme 270 à T, relativement à l'or et à l'argent. Je ne pense pas qu'ils durent encore quinze jours. IL y a longtemps qu'ils ne sont plus reçus dans les campagnes par les vendeurs de denrées à trois et quatre lieues de Paris. Il n'y a point d'imagination financière qui puisse nous tirer de là *. »

Dans la lettre à Washington, citée plus haut, Morris justifait presque la conduite du Directoire : « Mon but était simplement de justifier quelque peu l'opinion où je suis que le système financier nouvellement adopté est radicalement défectueux, d'autant plus qu'il paraît évident à mon esprit qu'auune taxation ne peut avoir la force de faire rendre au peuple français une somme égale aux dépenses inévitables. De sorte que, si leurs ennemis continuent la guerre, ils doivent maintenir en activité la presse aux assignats tant qu'on peut en tirer quelque chose, et alors recourir aux efforts convulsifs du désespoir ‘. »

D'ailleurs au milieu des misères intérieures de la France aous avons déjà relevé que Morris, d’après des témoins ocu-—

1. D. LL, p. 149 et suiv. — 2. Op. cit., p. 297: 3. Op: cit, pr 030. — HMS UE pero;