Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L’EMPIRE 328

laires et non suspects, notait déjà certains signes de relèvement, entre autres la meilleure culture des terres’. Voict d’autres renseignements recueillis par lui, qui concordent avec ceux-là et qui paraissent mériter confiance par le mélange d’éloges et de blâmes qu'ils contiennent: « La nuit dernière j'ai gagné Stuttgart et ce matin (2 mars 1798) je me promène et rends visite-au baron de Rieger. Il vient de traverser la France, et la décrit comme très cultivée, pleine d'abus, Paris plus brillant et plus vicieux qu'auparavant, la même politesse extérieure et la même prévenance pour les étrangers, les postes bien desservies, les routes non réparées, les aubergistes plus voleurs que jamais ?. »

Mais, nous le savons, c'est du dehors que Morris observe le Directoire et d’après ses observations, il ne faisait vraiment pas mauvaise figure au dehors. Il faisait même assez bonne figure pour que Morris, malgré ses idées propres, füt obligé de regarder comme une hypothèse possible la consolidation définitive de ce gouvernement. Il le fait même par deux fois.

Le r° décembre 1796 il écrit à lord Grenville et voudrait, grâce à lui, que l'Angleterre demandât à l'Empereur la mise en liberté de La Fayette. Il lui dit: « Je désire, mylord, que vous considériez que, lorsque la paix se fera, il sera naturellement mis en liberté et ira en Amérique. Là il aura plus où moins d'influence ; je crois qu'il en aura pas mal. Si vous le voulez, vous pouvez l'y envoyer chargé d'un tel poids de notoire obligation, qu'il sera incapable de vous desservir. St vous le prenez maintenant, deux hypothèses sont possibles, dans lesquelles, fùtil vingt fois Français, il sera incliné à vous servir, à savoir la restauration du monarque légitime ou le complet affermissement des gouvernants actuels du pays”. » L'autre fois, c’est le 16 juillet 1797. Il écrit d’Altona à lady Sutherland : « Mon opinion depuis quelque temps a été que vous auriez la paix cette année, maintenant les négociateurs sont réunis ; je présume que vous connaîtrez bientôt l'heureuse issue de leurs travaux. Quant aux conditions je n'y

T. IL, p. 349, ci-dessus, p. 312. — 2. T. I, p. 345. me

, 8; IL, p. 239.